Saint-Amarin
   

Le plan de paysage entrepris dans la vallée de saint-Amarin afin de réouvrir les perspectives par le défrichage est aujourd'hui une belle réussite. Soutenue par diverses collectivités, l'association Agriculture et Paysage a lancé une nouvelle dynamique dans la vallée entrainant dans son sillage de nombreux agriculteurs. Reste à confirmer la réelle viabilité économique d'une telle opération qui reste encore fortement subventionnée. Cependant, une autre source de revenus est en vue d'être développée : l'association espère bien récompenser ses efforts dans la mise en valeur des paysages par la promotion, auprès des habitants de la vallée, des produits du terroir ...

Les archives disponibles :
- Vendredi 11 Juillet 1997 : 100 ha de travaux (DNA),
- Mercredi 23 Juillet 1997 : quand le Multrac passe, genêts et aubépines
. trépassent (DNA),
- Dimance 7 Septembre 1997 : la bataille des friches (DNA),
- Dimanche 3 Mai 1998 : reconquête des paysages (DNA),
- Mercredi 2 Juillet 1998 : les produits agricoles en direct (DNA).


  Vendredi 11 Juillet 1997 Précédent | Suite  
   


 Adieu fougère, genêt, bouleau et ronce  : les élus et les agriculteurs de la vallée de Saint-Amarin sont bien décidés à faire le ménage dans les paysages ébouriffés et chevelus qui désespèrent touristes et autochtones. Chèvres défricheuses, machines et huile de coude, sont appelés à la rescousse du plan paysage. Un plan inscrit dans la durée, et qui devra « nourrir son homme ». Objectif à atteindre, faute de quoi, fougère et consorts se feront fort de reconquérir vite fait leur territoire.


 L'opération en cours programmée sur 406 ha et sur trois ans (43 sites, 29 exploitants) veut stopper et anéantir les friches afin de les transformer en zones de pâturages. Agriculteurs et collectivités locales ont commencé à faire le ménage. Mais un ménage réfléchi et renouvelable dans le temps ; pas question d'une tornade verte, tonitruante, mais sans lendemain. Le grand remue-ménage s'appuie sur la solidarité entre collectivités locales et milieux agricoles.

Entente autour d'un patrimoine commun

Jadis les paysages de la vallée de Saint-Amarin ne faisaient guère parler d'eux. Leur entretien allait de soi. Ils n'étaient pas pièce rapportée ; l'agriculture s'imposait en tant qu'activité d'appoint pour les habitants en majorité occupés dans l'industrie textile. Le moindre brin d'herbe était alors jalousé et chaque centimètre carré de pâturage se voyait transformé en lait. Niveau et modes de vie aidant, la faux fut à partir des années 60, remisée dans le grenier de grand-père, les vaches partirent à l'abattoir et l'étable devint garage. La brindille libérée de ses « bourreaux » s'encanailla, grignota prés et collines avant de s'imposer à son aise en une inextricable toison ; d'autres terrains agricoles étaient livrés à l'urbanisation (les zones de chalets étaient à la mode), d'autres servirent de plates-bandes à résineux.

 La tentative actuelle de réhabilitation des friches et des espaces agricoles a eu un précédent. Les anciennes générations parties à la retraite, l'on avait vu de jeunes agriculteurs « soixante -huitards » se lancer dans l'aventure. Incompris par les élus locaux et isolés, bien peu de ces chevriers tinrent le coup devant les réalités climatiques, économiques et humaines. Au finish, un bilan défrichement, globalement mitigé.

La relance

 Des rescapés de ce retour à la terre, il y en eut cependant. Ce sont d'ailleurs eux, qui, avec les enfants d'agriculteurs traditionnels, ont su apporter la dynamique actuelle, et trouver la confiance des élus. Cette relève tardive mais réelle, a sans doute, tiré à tout le monde, une belle épine du pied. Résultat d'un climat de confiance installé au cours de plusieurs années de réflexion. La prise de conscience naquit en 1990-91 lors des « états généraux » du canton, et s'amplifia à l'élaboration de la charte pour le développement de la vallée (1995).

 Depuis lors, les agriculteurs dans leur majorité, n'étaient plus vus comme des empêcheurs de tourner en rond ou comme des agents immobiliers en puissance . Cette convergence de vues déboucha en juin 96 sur la création de l'association « agriculture et paysages dans la vallée de Saint-Amarin ». Présidée par Claude Schoeffel de Fellering, par ailleurs président du Centre départemental des jeunes agriculteurs ; elle est composée de six paysans et de trois élus du district (dont son président M. Egler). Après une année d'existence, cette association fait déjà preuve d'engageantes dispositions. Une visite sur les sites en cours de réhabilitation (Mitzach, Mollau, Storckensohn, Fellering) , la dégustation des produits agricoles locaux (fromages, charcuterie), et l'assemblée générale tenue à Wesserling, ont participé à ce constat.

 Pour parvenir à rouvrir les espaces et à les rendre à la vie pastorale, un arsenal de mesures est engagé par l'association, en partenariat avec le district de la vallée, l'Etat, les instances agricoles, le conseil général, le parc des ballons des Vosges, etc. Un animateur, Olivier Claude, a été recruté pour trois ans, du matériel est acquis avec les CUMA de la Thur et de la haute-Thur (moto faucheuses avec broyeur, débroussailleuses à dos) ; un engin de débroussaillement du département est entré en action (une centaine d'hectares concernés), un groupement d'employeurs est formé en vue d'embaucher huit agriculteurs ; une équipe « d'emplois verts » pilotée par le district est par ailleurs en fonction.

Une activité d'élevage

Les zones reconquises nécessiteront pour leur entretien, un accroissement du cheptel (dossier en cours de montage pour l'achat de 64 bovins, 135 caprins, 4 chevaux), et par ricochet, la création de nouvelles étables d'hivernage. L'association a en outre lancé des actions de visites et d'accueil de groupes sur le thème du paysage, des commandes groupées de clôtures et de semences, et un programme de remplacement des baignoires-abreuvoirs, par des fontaines taillées dans des troncs d'arbres.

Pour être crédibles, ces opérations devront générer un revenu. C'est ainsi que différentes pistes pour valoriser les produits sont à l'étude : un marché paysan, point d'accueil et de vente directe à la ferme du parc de Wesserling, un autre circuit de commercialisation... Notre premier défi a été la mise en place des structures, il est atteint, c'est, estima Claude Schoeffel, le début d'une lame de fond pour la vallée ». Autant dire que la marée verte, qui est monté haut sur les collines tout en déferlant sur les villages, n'a désormais plus qu'à bien se tenir.


P.G.
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999

  Mercredi 23 Juillet 1997 Précédent | Suite  
   


 Un Multrac 120, engin de défrichement spécialisé, sème la terreur dans les colonies de fougères,
de genêts tapissant la vallée de Saint-Amarin.


 Les agriculteurs de la vallée de Saint-Amarin ont dit chiche au conseil général. Le plan paysager de la vallée dont les prémices remontent aux Etats généraux du canton (1991), et qui a été poursuivi en 1995 par le district et par le parc régional des ballons des Vosges, est devenu leur affaire. Non pour jouer aux jardiniers d'agrément et figurer dans les magazines, mais dans le but de développer leur exploitation.

L'association « agriculture et paysage de la vallée de Saint-Amarin » en place depuis un an (DNA du 11.7.), a donc monté un projet global assorti de dossiers, en vue de permette à terme aux agriculteurs, de vivre des fruits de la terre reconquise.

Têtu comme un Multrac...

 L'ensemble des partenaires du plan intercommunal paysager se sont mis à la tache en mettant en oeuvre, moyens humains et matériels.

Un des plus spectaculaires est ce Multrac 120 dont nous avons apprécié lors d'une démonstration sur les pentes de Fellering (*), l' irrésistible efficacité  : genêts, aubépine, arbustes passent à la moulinette ; hachés menu, pulvérisés, broyés sans rémission. De la pointe à la racine. Des chaînes placées à l'avant de la machine dégrossissent le travail, relayées par un broyeur à axe vertical ; et quand le Multrac recule, il plante des crocs en pointes de carbure de 5 à 10 cm qui labourent le sol pour extraire les racines. Autant dire que le terrain sera bientôt apte à recevoir les semences des graminées qui recréeront le pâturage. Suite au dossier élaboré par « agriculture et paysage », une commission du conseil général a été amenée l'automne dernier, à choisir parmi cinq propositions. C'est celle d'un constructeur suisse, la société Mahler qui a remporté la palme.

Des pentes de plus de 50%

 L'engin retenu, été élaboré en coopération avec un groupement d'intérêt économique de Haute-Savoie, fort de 15 ans d'expérience avec de telles machines. Le Multrac doté d'un moteur développant 120 chevaux, est pratiquement un engin fait sur mesure, une bête qui a les qualités et le comportement d'un tracteur forestier et d'un engin de travaux publics. Quatre roues motrices, et directrices, un centre de gravité très bas, une transmission hydrostatique aux outils, en font un outil redoutable capable de crapahuter dans des pentes de plus de 50% et d'escalader comme une fleur, rochers, et arbres barrant le sol. La machine représente un investissement de 1,1 MF qui a été payé par le conseil général, l'Etat et la communauté européenne.

 Le Multrac est appelé à oeuvrer en priorité dans la vallée de Saint-Amarin (une centaine d'hectares concernés, sur les 400 que comporte le plan de défrichement 1996-98)), mais il étendra également son rayon d'action dans les autres secteurs des Vosges haut-rhinoises concernés par le problème de la friche.


Pascal Gerrer

La présentation a été faite par M.M. Jean-Paul Schmitt président de la commission de l'environnement au conseil général, et par Pierre Egler conseiller général et président du district de la vallée de Saint-Amarin, en présence du sous-préfet de Thann, de conseillers généraux de vallées voisines, de responsables des services agricoles, du parc des ballons, de l'ONF, de maires et d'élus locaux.
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999

  Dimanche 7 Septembre 1997 Précédent | Suite  
   


 Dans la montagne vosgienne alsacienne, la guerre à l'enfrichement a été déclarée. 15 000 hectares font aujourd'hui l'objet d'opérations de reconquête. Objectif : recréer de nouveaux pâturages et améliorer le cadre de vie des habitants. Exemple dans la vallée de Saint-Amarin.


 Le problème est le même du nord au sud de la région. Aucun secteur du massif vosgien n'est épargné. Partout, la forêt et les broussailles gagnent du terrain. Les prairies abandonnées par le recul de l'agriculture sont progressivement envahies et les fonds de vallée se réduisent comme peau de chagrin. Par endroits, le phénomène prend même des proportions alarmantes. Comme par exemple à Wildenstein, dans la vallée de Saint-Amarin, où la forêt a rejoint les maisons. Résultat : les habitants ont perdu quatre heures de soleil par jour.

 Ici, plus qu'ailleurs, le problème méritait d'être pris à bras le corps. La vallée de la Thur est en effet l'une des plus étroites de la région. Celle aussi où les pentes sont parmi les plus escarpées et où les agriculteurs sont confrontés à l'environnement le plus difficile. C'est, du coup, celle qui a été la première à réagir et « où la réflexion sur les rapports entre l'agriculture, la gestion de l'espace et l'environnement a été poussée le plus loin », estime Guy Peterschmitt, chef du service de l'économie agricole de la direction départementale de l'agriculture et de la forêt du Haut-Rhin. Elle a d'ailleurs à ce titre été retenue comme site expérimental par l'organisme Mairie-Conseils.

Etude paysagère

 Les quinze communes du district de la vallée de Saint-Amarin ont engagé le combat contre les friches dès 1994. D'abord en réalisant une étude paysagère destinée à définir les espaces à entretenir ou à réouvrir en priorité. Puis en élaborant un plan de bataille, mis en oeuvre par les élus et surtout les exploitants du canton réunis au sein de l'Association agriculture et paysage. Pour eux en effet, « il était vital de rendre aux agriculteurs leurs 350 hectares de prairies aujourd'hui recouvertes par les friches », explique Claude Schoeffel, président de l'association et, accessoirement, du centre départemental des jeunes agriculteurs.

 29 exploitants de la vallée ont donc accepté de devenir de véritables prestataires de service. C'est à eux qu'a été confiée la mission de défricher en trois ans plus de 400 hectares de terrains communaux situés sur 43 sites différents. Une opération financée à hauteur de 70 % par l'Etat et la Région au titre de l'amélioration pastorale qui a déjà permis de regagner une centaine d'hectares sur la forêt.

 Ces terrains ont aussitôt été convertis en pâturages. Il n'y a en effet rien de tel que les animaux pour entretenir les prairies. Encore faut-il qu'ils soient en nombre suffisant. Les agriculteurs engagés dans le programme ont du coup agrandi leurs élevages. Le cheptel de la vallée compte d'ores et déjà 64 vaches, 135 chèvres, 10 moutons et quatre chevaux de plus. Résultat : les exploitants, qui doivent faire face à un surcroît de travail, ont constitué un groupement d'employeurs. Parallèlement, dix emplois verts (CES) ont été créés par le district.

 Ces dispositions, par les investissements qu'elles supposent en matériel, en animaux et en bâtiments d'élevage, coûtent aux agriculteurs au moins autant sinon plus qu'elles ne rapportent. C'est pourquoi le complément de revenu fourni par les mesures agro-environnementales est pour eux le bienvenu.

Mesures agri- environnementales

 En écho à la proposition de la Communauté européenne de participer au financement de programmes qui orientent l'agriculture vers une meilleure prise en compte de l'environnement, le parc naturel régional du ballon des Vosges, le conseil général, la région, la DDAF, la chambre d'agriculture et les syndicats agricoles ont en effet engagé un vaste projet de gestion des espaces ouverts en montagne vosgienne haut-rhinoise. En clair : ils rémunèrent les agriculteurs qui acceptent, en vertu d'un cahier des charges très strict, d'entretenir les territoires de montagne voire de reconstituer leurs équilibres biologiques.

 Aujourd'hui, près de 10 000 hectares situées sur le territoire des 70 communes de montagne haut-rhinoises sont concernés par le programme. Dont 1 600 dans la vallée de la Thur. 49 agriculteurs du district se sont engagés par contrat à les débarrasser des fougères, genêts et autres ronces qui les encombrent. Avec l'aide, s'il le faut, d'un tracteur spécial acheté plus d'un million de francs par le conseil général du Haut-Rhin, mais dont l'utilisation leur est facturée.

 D'ici trois ou quatre ans, 2 000 hectares de la vallée auront donc été reconquis. Au profit de l'activité agricole et du cadre de vie des habitants. La démarche engagée commence d'ailleurs à les faire réfléchir. « Il y a un véritable effet boule de neige, constate Olivier Claude, l'animateur d'Agriculture et paysage. Lorsque les agriculteurs défrichent de grandes surfaces, les petits propriétaires installés en périphérie des communes se mettent eux aussi à entretenir leurs parcelles ».





 Le vaste programme de reconquête des paysages devrait permettre de conforter l'activité agricole dans la vallée de Saint-Amarin. Déjà, les premiers effets se font sentir. Témoignages.


 Le défrichage, François Schirck connaît bien. Depuis qu'il s'est installé avec un petit troupeau de chèvres sur les sommets de Mollau, en 1978, il pratique ce travail au quotidien. Comme les autres agriculteurs de la vallée, il lui faut aménager des espaces de pâture pour ses 19 vaches laitières. Grâce à la combinaison des mesures agri-environnementales, des fonds structurels européens et des aides du fond de gestion de l'espace rural, « là où on faisait des petites clairières, on fait maintenant des parcs de plusieurs hectares ».

Une centaine de chèvres

 François Schirck a pû bénéficier de l'aide du salarié engagé par le groupement d'employeurs qu'il a constitué avec sept autres exploitants de la vallée. Il a pu surtout acheter une centaine de chèvres dans l'unique but de défricher ses terrains. « Maintenant, explique-t-il, on va pouvoir développer le troupeau. Il permettra d'ouvrir des prairies pour les vaches ». Indispensable pour cet éleveur qui ne vit que de la vente de ses fromages. A terme, espère-t-il, il pourra commercialiser ses cabris. « Cela permettrait de recréer le lien entre les consommateurs de la vallée et leur environnement. En consommant des produits du terroir, ils contribueront à l'entretien de leur territoire ».

 Les exploitants du district ne raisonnent en effet pas en marge brute. « Nous n'avons pas une optique technico-économique mais une approche globale de notre activité », confirme Claude Schoeffel, exploitant à Fellering et président d'Agriculture et paysage. « Nous avons une activité à deux doigts du bio. Nous vivons dans un milieu qui nous fait vivre et notre seule question est : comment continuer à en vivre ? » Surtout lorsque, comme ici, les fonds de vallées sont peu à peu envahis par l'urbanisation et que les agriculteurs sont repoussés dans la montagne.

 Fernand Hoffner en sait quelque chose. Cet exploitant de Fellering, qui préside le groupement d'employeurs, s'apprête en effet à perdre une de ses plus belles prairies de fauche. Pour lui, l'extension du village est dans l'ordre des choses. Du coup, il défriche des landes perchées dans la montagne à l'aide du gyrobroyeur acheté en CUMA*, comme le prévoit le contrat de cinq ans qu'il a conclu avec la commune grâce aux mesures agri-environnementales. D'ailleurs, sans elles, il ne serait pas là. « Je me suis installé il y a trois ans parce que je savais que je pourrais bénéficier de cette aide ».

 Elle permet déjà aux agriculteurs de développer leurs exploitations. Et donc, à long terme, d'espérer une augmentation de leur revenu -si toutefois les mesures sont maintenues. En attendant, elles apportent du sang neuf. Trois jeunes agriculteurs sont d'ores et déjà en cours d'installation.


Odile Weiss

* Coopérative d'utilisation du matériel agricole

© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999

  Dimanche 3 Mai 1998 Précédent | Suite  
   


 «Cette année nous avons passé la 2e vitesse, la 3e et je crois que la 4e n'est pas loin ». Claude Schoeffel, président de l'association «Agriculture et Paysages de la vallée de Saint-Amarin» qui a tenu son assemblée générale à la ferme du Bergenbach au-dessus d'Oderen, a le sourire.


 Le travail de défrichage et de remise en valeur des anciens pâturages a en effet véritablement chaussé les bottes de sept lieues, à un point tel que la discussion porta un moment sur la nécessité impérieuse de préserver une frange de buissons entre la forêt et le pâturage reconquis de haute lutte : machine défricheuse suspend ton vol...

 L'an dernier, programmer 357 ha de zone à travailler était considéré comme le premier défi à relever. Il a été au delà de toute espérance puisqu'à ce sont 457 ha (46 sites), qui sont touchés dont 100 ha ont déjà été entièrement réhabilités. 31 agriculteurs se sont alliés dans cette opération. Huit d'entre eux ont créée un groupement d'employeurs; ils ont prévu d'engager un second salarié en vue de répondre au travail supplémentaire que nécessite la prise en compte des 123 bovins, des 135 chèvres et des 30 porcs venus agrandir le cheptel.

 «Agriculture et paysages» qui bénéficie il est vrai d'un animateur dont l'efficacité rime avec la compétence, a pris le taureau par toutes ces cornes. Et mène de front un éventail d'actions impressionnant.

 Outre le fait de défricher et de prévoir l'entretien du pâturage avec des animaux, l'association a ouvert un dossier en vue de l'écoulement des produits (en particulier la viande), elle organise l'accueil de groupes attirés par la renommée nationale que s'est attirée la vallée dans le domaine de la reconquête de ses paysages, elle va publier une plaquette de promotion, a lancé une opération de remplacement des baignoires-abreuvoirs par des abreuvoirs en troncs d'arbres, centralise des commandes groupées de produits et mène une réflexion sur l'usage à faire de la ferme du parc de Wesserling.

Pâturer, mais aussi faucher...

 « L'association a mis la 4e et compte aller plus loin. Mais tout cela n'est pas tombé du ciel» prévint M. Schoeffel. De nombreux organismes tels le Parc des Ballons, la Chambre d'agriculture, le Conseil général, apportent du carburant et en apporteront encore, car d'autres étapes se profilent, d'autres problèmes sont à prendre en compte.

 Ainsi celui provoque par l'installation d'animaux supplémentaires sur les surfaces dégagées. En été ils seront sur les pâturages, mais en hiver il faudra les nourrir avec du foin provenant des prairies de fauche (un ha produit de quoi nourrir deux vaches en hiver). Sachant que ces surfaces généralement en fond de vallée ont tendance à s'amenuiser sous la pression des tentations urbanistiques des élus et des propriétaires, M. Schoeffel fit en cette année de la révision de plans d'occupation des sols, appel aux maires pour qu'ils conservent les prés de fauche. Qu'ils ne les classent pas en zone urbanisable ! La situation actuelle est déjà joliment déficitaire. Elle oblige des paysans à acheter du foin à l'extérieur de la vallée. Ce qui pèse lourd dans leur budget. Poursuivre dans cette voie rendrait la situation intenable. Pour trouver une solution économiquement viable, Claude estime qu'il «faudra bien trouver des compensations quelque part comme l'on fait les voisins de La Bresse (ils bénéficient d'un budget fourrage).» En tout état de cause, souligna le président d'A et P «nous serons vigilants quant à la conformité entre plan paysage et le POS». Ce que l'on pourrait traduire par «défricher oui, mais ne pas être le dindon de la farce».

 Claude Schoeffel qui se réjouit de voir que le travail mené dans la vallée de Saint-Amarin a été le coup de starter de la nouvelle politique agricole au niveau du massif vosgien, souhaite que les collectivités continuent à assurer les financements afin de rendre irréversible l'opération alors qu'elle se trouve à mi-chemin.

 Pour François Tacquard, conseiller général et vice-président d'Agriculture et paysages, la force de l'opération réside dans le fait de conjuguer le projet paysage avec la volonté de vivre de l'agriculture. Pierre Schmitt, conseiller général de Ribeauvillé, président de la commission environnement e agriculture du Conseil général, assura l'association de son soutien. Guy Peterschmitt (Direction départementale de l'agriculture) est également d'avis qu'il faut poursuivre l'action, car pour lui «ce travail est aussi l'opération dont le rapport qualité-coût est le moins cher par rapport à ce que j'ai observé ailleurs»; poursuivre pour obtenir un «plan de développement durable»; l'Alsace étant dit-il «la seule région à ne pas appliquer un tel plan, et Saint-Amarin étant l'endroit le plus mûr, la vallée doit dire, je veux ce plan».

 Francis Schirck, membre d'A et P mit l'accent sur la nécessité de relier le consommateur «à nos aménagements paysagers», cela passera par la promotion des produits locaux et notamment par la mise en oeuvre de la filière viande sur la base de ce que les agriculteurs de cette vallée ont fortement soutenu à Lapoutroie. Les produits locaux (charcuterie, fromages, pain paysan) ont d'ailleurs pu être largement appréciés par les participants à cette réunion (maires, délégués des administrations et membres d'A et P), et cela à la suite d'un circuit dans la ferme bio-dynamique de Marlène Kapp, de Jacques Simon et de leur association.

 Au courant de l'après-midi, les participants s'étaient rendus sur les hauteurs de Mitzach. Cette commune est maillot jaune dans le défrichement de ses pentes. L'adjoint au maire, Bernard Franck avait détaillé les opérations (fort spectaculaires) dues à la prise de conscience conjointe des agriculteurs locaux, de la municipalité et des bénévoles. Soutenus par l'entrée en action de l'engin départemental, ils ont réapprivoisé une belle surface de l'ancien pâturage communal à présent occupé par 80 bêtes appartenant à cinq agriculteurs jeunes et actifs.

 La transformation de l'ancienne ferme du parc de Wesserling en une «maison de l'agriculture et des paysages de montagne» est un autre gros dossier auquel l'association A et P s'est attelée soutenue par le Conseil général propriétaire des lieux. Cette ferme a permis un premier hivernage collectif d'animaux (80 chèvres, une dizaine de bovins et trois ânes). A l'automne 98 elle accueillera un premier marché paysan, mais à terme elle deviendra lieu de rencontre, d'échanges et de promotion. Elle sera par ailleurs une base de départ vers la découverte des autres fermes de montagne et des paysages qui sont leur écrin.


© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999

 
Mercredi 22 Juillet 1998
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 Venez déguster toute l'année les produits du paysage. C'est en quelque sorte l'invitation que vous lancent quinze jeunes agriculteurs par le biais de leur premier et tout nouveau dépliant « les produits de la vallée de la Thur, vente directe à la ferme ».


 L'agriculture de montagne, après des années de dépression, s'est ressaisie dans la vallée de Saint-Amarin. Soutenue par les collectivités locales, une nouvelle génération de paysans a pris les problèmes à bras le corps en s'impliquant en première ligne dans un projet paysager intercommunal dont la réussite fait école à travers l'hexagone.

Plaisir du goût

 Faisant d'une pierre deux coups, et avec la bénédiction des élus, ils se sont donc mués en jardiniers du paysage. Mais le défrichement et la réouverture des anciennes chaumes et pâtures, ce n'est pas uniquement pour le plaisir des yeux. Vains seraient les efforts s'ils ne visaient une logique économique devant permettre aux producteurs de vivre autant que faire se peut, des fruits de la terre.

 Le retour en qualité des pâturages rejaillit tout naturellement sur la qualité des élevages et sur celle des produits fermiers. Mais il faut les faire connaître, sinon à quoi bon.

Bonifier le paysage

 Pour contribuer à la réussite complète de l' opération et à son installation dans le temps, les quinze fermiers invitent donc le public à leur rendre régulièrement visite pour se ravitailler en une foule de produits naturels. Ils vont des laitages dont bien entendu les fromages vosgiens (une dizaine de sortes), jusqu'aux sirops de fleurs et à la laine, en passant par les viandes et la charcuterie maison. Les coordonnées des quinze points de vente figurent au dos de cette plaquette qui est du reste joliment illustrée. Editée avec l'aide du parc naturel des ballons, du conseil régional, du district de la vallée de Saint-Amarin, et du programme leader, elle est disponible auprès de l'association « agriculture et paysages » dans la maison du district et à l'office de tourisme à Saint-Amarin.


© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999


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