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Histoire mouvementée de la création d'une réserve naturelle, celle du «Delta de la Sauer». Les écologistes qui s'impliquent dans la gestion des forêts rhénanes «depuis près de 30 ans» (Pr. R. Carbiener) veulent obtenir la fonction de gestionnaire de cette nouvelle réserve. Ils mettent en cause ouvertement les systèmes de gestions adoptés par les ingénieurs de l'ONF qu'ils n'estiment pas compatibles avec ceux adoptés dans le cadre d'une réserve naturelle. Soutenus de manière implicite par la Ministre de l'Environnement, ils obtiennent finalement, par l'entremise du C.S.A., la gestion de la réserve, au grand désarroi des élus des communes de Seltz et de Munchhausen. Ceux-ci, propriétaires des terrains concernés, redoutent de perdre tout droit de regard sur les futurs aménagements à l'intérieur de la réserve. |
Les archives disponibles : |
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Lionel Jospin et Dominique Voynet ont cosigné,
le 2 septembre, le décret créant la réserve naturelle
du « delta » de la Sauer. Une nouvelle attendue
depuis une vingtaine d'années.
Les trois coups de l'avant-dernier acte de la
création de cette réserve naturelle rhénane ont été
frappés le 23 juin 1994, lors de l'ouverture d'une enquête
publique plusieurs fois retardée. Le rideau se lève
à présent sur une réserve naturelle dont, par avance,
Alsace Nature a annoncé qu'elle sera vidée de son sens
et manquera de cohérence. Entre une réserve
bancale et un projet frappé de paralysie, le ministre
de l'environnement a dû se résoudre à choisir le moindre
mal. Quitte à ce que le Préfet de région choisisse un
gestionnaire efficace pour mettre en oeuvre un plan
de gestion écologique qui sauve ce qui peut encore l'être.
Le Conservatoire des sites alsaciens et l'ONF sont sur
les rangs, pour gérer cette réserve naturelle, où une
malencontreuse piste cyclable transfrontalière a été
ouverte assez récemment. Chasse jusqu'en 2 005 Alors
que l'enquête publique de 1994 prévoyait que la chasse
y serait interdite totalement à partir de février 1997,
grâce à une indemnisation des communes à hauteur de
170 F/ha, le décret ministériel fait machine arrière.
Et ce, pour au moins 9 ans, puisque l'article 8 du décret
prévoit que : « A l'échéance des baux de chasse
en cours (...) l'exercice de la chasse est interdit ».
En pratique ce sera pour l'an 2005, puisqu'on a attendu
les adjudications de 1996-1997 pour signer le décret. Résultat :
la réserve de Munchhausen a été louée fort cher à un
chasseur de Rastatt...qui devra néanmoins respecter
l'interdiction de nourrir les sangliers.
Michel Gissy
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999
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Qui sera nommé conservateur de la réserve naturelle
du delta de la Sauer ? Le Préfet est tiraillé entre
le Conservatoire des sites alsaciens et le candidat
des communes associées à l'ONF.
Créée le 2 septembre 1997, la réserve naturelle
de Seltz-Munchhausen (appelée réserve naturelle du delta
de la Sauer) n'a toujours pas de conservateur. La situation
ne peut perdurer indéfiniment, car c'est le conservateur
qui doit proposer le plan de gestion de cette réserve
rhénane. Or, des décisions doivent être arrêtées sans
trop tarder, notamment en ce qui concerne la maîtrise
de la circulation motorisée et cycliste. Il
faudra aussi décider de l'élimination des plantations
de peupliers hybrides qui dénaturent le site, élaguer
les saules têtards et en bouturer d'autres, sans créer
de clones. Des études scientifiques sur la faune et
la flore devront constituer « l'état zéro »
de la connaissance des lieux. Certes, des travaux ont
déjà été menés par plusieurs naturalistes, notamment
Carbiener, Diellmann, Steimer et Koenig. Toutefois,
ils ne couvrent pas tous les domaines et d'autres investigations
devront les compléter. Cette réserve naturelle
à la gestation interminable et mouvementée connaît donc
un nouveau contretemps. Et il faudra vraisemblablement
attendre l'automne pour apprendre le nom de la personnalité
choisie comme conservateur. Le Préfet n'aura pas la
tâche facile, écartelé qu'il est entre la préférence
supposée du ministre de l'environnement à l'égard du
Conservatoire des sites alsaciens et la pression exercée
par la communauté de communes du delta de la Sauer,
associée à l'ONF. En effet, le 31 mai à Sélestat,
Dominique Voynet avait fini par concéder à Alsace Nature
« qu'elle n'aura pas beaucoup de motifs de se plaindre
de ce qui sera décidé ». La fédération ne s'en
était pas tenue à cette assurance, en critiquant, par
la suite, la gestion de la forêt alsacienne par l'ONF.
Des transfuges du CSA Cette pression exercée
sur l'opinion publique par le milieu associatif n'a
provoqué aucune réaction de l'ONF, tenu au devoir de
réserve. De son côté, la communauté des communes de
Seltz-delta de la Sauer, partenaire de l'ONF, a présenté
sa candidature pour gérer son propre patrimoine naturel.
A l'affirmation d'une légitimité de propriétaire s'associe
donc la mise en avant d'une compétence technique pour
revendiquer la gestion de la réserve. L'ONF
s'enorgueillit en effet de gérer la réserve naturelle
volontaire de l'Illwald, à Sélestat et un réseau de
réserves biologiques domaniales créées ou en cours de
création à Daubensand, la Wantzenau, Offendorf, Mothern,
Lauterbourg et Marckolsheim. L'Office met aussi
en avant les compétences naturalistes de plusieurs de
ses ingénieurs, techniciens et agents ; mais ce
n'est pas du corps des forestiers qu'est issu le candidat
à la conservation de la réserve. L'atout qu'abat le
partenariat communes-ONF est celui d'un ingénieur-écologue
allemand : Richard Hauschild. Ses partisans sont
convaincus de la portée symbolique de cette candidature
d'un Allemand dans une réserve naturelle française,
intégrée dans le parc rhénan transfrontalier. Au-delà
du symbole binational, cette candidature est sans doute
une pierre jetée dans le jardin du Conservatoire des
sites alsaciens. Car R. Hauschild a, auparavant, mené
des études scientifiques sur des milieux rhénans, pour
le compte du ...CSA ! Pis encore, la proposition
de Jean-Paul Klein comme consultant scientifique n'est
pas faite pour apaiser le CSA. Car le Dr J-P Klein avait
été le conservateur des réserves d'Offendorf et Erstein,
gérées par le CSA. La décision que le Préfet
prendra fera donc nécessairement des mécontents. Le
match communes+ONF contre CSA+ Alsace Nature peut-il
être arbitré sereinement par le préfet sous la houlette
de la ministre des Verts ?
Michel Gissy
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999
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Le comité consultatif de la réserve naturelle
de Munchhausen-Seltz a désigné son gestionnaire favori :
le conservatoire des sites alsaciens. Grincements de
dents du côté des communes.
Deux candidats sont en lice pour la gestion de
la réserve naturelle du delta de la Sauer : le
conservatoire des sites alsaciens soutenu par les écologistes
et la communauté de communes du delta de la Sauer en
duo avec l'office national des forêts. Réuni mardi à
Strasbourg, le comité consultatif chargé d'analyser
ces deux candidatures a voté majoritairement en faveur
du CSA qui a totalisé 19 voix, contre 15 voix à son
adversaire et quatre abstentions. Certes, cet avis ne
préjuge pas de la décision du préfet à qui reviendra
le dernier mot mais l'affaire semble bien mal engagée
pour les communes. Le maire de Seltz et président
de la communauté de communes, Hugues Kræmer, ne décolère
pas. « Notre regroupement a compétence pour ce
qui est de la gestion de l'environnement et l'aménagement
de l'espace, explique-t-il. Depuis que le projet de
classement en réserve naturelle a été lancé, les conseils
municipaux de Seltz et Munchhausen ont pris des délibérations
en sa faveur, à condition d'en garder la responsabilité... ».
Munchhausen fournissant 76 % de la surface et Seltz
21 %, « c'est une condition légitime »,
observe l'élu, d'ores et déjà persuadé que le préfet
avalisera l'avis du comité. Des irrégularités ? « Nous
avions la compétence politique mais nous n'avions pas
la compétence technique et scientifique. C'est pour
cela que nous nous sommes associés à l'ONF », argumente
Hugues Kræmer. Le choix de son regroupement de communes
est d'autant plus naturel à ses yeux que la zone est
incluse dans le projet transfrontalier de l'association
Parc Rhénan Pamina dont il est également le président. « La
population ne va pas comprendre cette décision »,
ajoute l'élu qui prévoit une levée de boucliers de ses
administrés et ceux de Munchhausen. Hugues Kræmer redoute
par dessus tout la main mise de « protecteurs de
la nature intégristes » sur un secteur de 500 hectares.
Et de s'en prendre par la même occasion au ministre
de l'environnement Dominique Voynet qui avait ouvertement
apporté son soutien aux écologistes lors d'une visite
en Alsace début juin et pronostiqué une décision préfectorale
en leur faveur. Furieux, le maire n'exclut pas
d'ester en justice si le CSA remporte la mise in fine,
ce qui aujourd'hui ne fait plus guère de doute. Selon
lui, la procédure de désignation des membres de la commission
consultative a été entachée d'irrégularités. « Des
membres favorables au CAS ont été désignés au dernier
moment », indique-t-il, alors que « les propositions
de Munchhausen n'ont pas été acceptées ». Au
conservatoire des sites alsaciens, on se félicite, bien
sûr, de l'avis du comité qui constitue « l'expression
d'une confiance partagée à notre égard », précise
le président du CSA Claude Kieffer. « Il confirme
que les enjeux de conservation du site ont primé sur
les considérations autres », indique-t-il encore.
« La décision appartient maintenant au préfet.
Pour sa part le conservatoire des sites alsaciens est
prêt à oeuvrer rapidement pour une protection durable
et un entretien régulier du delta de la Sauer, dans
le dialogue avec toutes les parties concernées ».
Claude Kieffer ne souhaite pas entrer dans « la
logique de conflit du maire de Seltz ». Et de regretter
l'effet pervers de la procédure de désignation qui tend
à mettre les différents acteurs du dossier en opposition
alors qu'ils sont appelés au bout du compte à « travailler
ensemble ». Le président du CSA prône le « duo »
plutôt que le « duel ». « Nous continuerons
à jouer la politique de la main tendue », résume-t-il.
J.-Marc Jankowski
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999
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Ce n'est pas une surprise : le préfet de
Région vient de désigner le conservatoire des sites
alsacien (CSA) en tant que gestionnaire de la réserve naturelle de Munchhausen/Seltz.
La lettre officielle du préfet a été envoyée au
début de la semaine aux différents protagonistes du
dossier. Le représentant de l'Etat a confirmé l'avis
du comité consultatif de la réserve naturelle du delta
de la Sauer émis en octobre dernier. La candidature
du CSA, soutenue par les écologistes, a été préférée
à celle des communes de Munchhausen et de Seltz. On
se souvient de la colère des élus qui n'avaient pas
supporté d'être mis sur la touche par ce comité consultatif
dont ils remettaient d'ailleurs en cause la composition.
Ils s'étaient montrés particulièrement virulents, redoutant
d'être privés de leur souveraineté et de perdre la face
devant leurs administrés. Ils avaient même menacé d'ester
en justice si le choix du préfet se portait sur le CSA.
Autre exemple : ils avaient envisagé de boycotter
l'organisation des prochaines élections européennes.
Aucune chance donc que les édiles acceptent la main
tendue à l'époque par le président du CSA Claude Kieffer. Qu'en
est-il aujourd'hui ? Vont-ils mettre leurs menaces
à exécution ? C'est la carte de l'apaisement qui
est en passe d'être jouée, semble-t-il. Le maire de
Seltz Hugues Kraemer a accueilli la nouvelle assez sereinement.
Il attend la réunion que le sous-préfet de Wissembourg
organisera dans les jours qui viennent avec les acteurs
du dossier, CSA, maires, député et direction régionale
de l'environnement... « Je veux d'abord écouter
le gestionnaire et les propositions de l'Etat et ensuite
nous aviserons », a indiqué le premier magistrat. Le
président du CSA Claude Kieffer est encore plus prudent.
Hier, il n'avait toujours pas reçu la lettre du préfet
désignant le conservatoire comme gestionnaire de la
réserve. Il précise toutefois que ses propositions de
dialogue avec les maires sont toujours d'actualité.
Consensus en vue ?
J.-Marc Jankowski
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999
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