Cette procédure de Zone de protection du patrimoine
architectural, urbain et des paysages a été mise au
point par des lois en 83 et 93. Elle vise à étendre
un périmètre protégé en fonction du patrimoine existant,
et pas seulement dans un périmètre de 500 mètres autour
d'un monument historique. C'était le cas à Vendenheim
à partir de « la maison du lavoir » datant
de 1570.
La précédente municipalité avait fait
des démarches dès 87, le conseil municipal avait pris
la décision de lancer une telle ZPPAUP en 94. Première
étape : deux architectes MM. Fraisse et Laroche
ont étudié patrimoine et paysages à Vendenheim pour
analyser cet environnement et recenser ce qui mériterait
d'être intégré dans la zone. Après cet inventaire exposé
au conseil municipal, l'étape suivante était une présentation
au public. A la salle des fêtes, quelque 200 personnes
avaient répondu à l'invitation du maire Joseph Steinmetz
qui a rappelé l'historique de la démarche. « Ce
n'est pas l'affaire de quelques-uns, mais de tous »,
soulignait-il en insistant sur son souci « d'intéresser
le maximum de gens ».
Diapositives à l'appui,
les deux architectes se sont relayés pour décrire leurs
travaux et réflexions. Le centre de Vendenheim comporte
en effet un axe de traversée principal, les rues du
Général Leclerc, du Moulin et Hohl, un axe fortement
structuré par une succession des pignons et des portails
des fermes anciennes. Le noyau ancien se développe en
anneau autour des rues du Temple, des Champs et du Lavoir.
Traversant le centre, le Muehlbachel conserve un caractère
intime. A côté des maisons à colombages, MM. Fraisse
et Laroche ont recensé également quelques belles constructions
en pierre ou en briques.
Les terrasses
Autre
élément recensé : des paysages de qualité. A l'est,
il y a des terrains et des potagers qui jouxtent le
canal, à l'ouest des terrasses le long de la route de
Berstett. Ces paysages maintiennent un équilibre entre
les éléments naturels et la silhouette des constructions.
« La notion de caractère et d'identité »,
telle était l'idée-clef qui a prévalu dans l'étude permettant
de « délimiter des zones de forte sensibilité ».
Et les deux orateurs de rappeler les objectifs de la
ZPPAUP. Pour la commune : « inscrire la préservation
de l'identité architecturale dans le cadre du développement
de la vie économique et sociale du secteur considéré ».
Pour le particulier : « préserver les caractères
essentiels du bâti et de son environnement, tout en
laissant aux propriétaires la possibilité d'assurer
l'entretien et l'adaptation des maisons aux changements
induits par notre mode de vie ».
Et c'est
là où l'on passe de la théorie à la réalité puisque
la ZPPAUP prévoit des recommandations et une règlementation
dans le cadre d'un projet local et concerté. Les prescriptions
concernent trois niveaux d'intervention : les interdictions
ou limitations au droit à construire, les obligations
de faire et le respect des façons de faire. M. Fileppi,
architecte des Bâtiments de France a signalé, qu'en
cas de démolition par exemple, il n'y avait pas l'obligation
de reconstruire à l'identique, mais de respecter les
caractères urbains et architecturaux relevés dans le
secteur.
Et le maire de donner la parole à l'auditoire
« pour faire avancer la réflexion ». Le public
ne s'en est pas privé, témoignant par ses multiples
questions de sentiments divers : le souci certes
de conserver ce patrimoine, mais aussi la crainte de
se heurter à une administration encore plus tatillonne
pour les moindres travaux. Entre le respect et le scepticisme,
des habitants ont questionné par exemple les orateurs
sur l'impact de la ZPPAUP face à la construction du
Grand contournement ouest et son inscription dans le
paysage. Un habitant s'est indigné parce qu'on lui avait
imposé de remettre des poutres d'un certain gabarit
sur sa façade alors qu'un promoteur avait mis un simple
placage sur une maison voisine. La ZPPAUP devrait apporter
cette harmonisation des traitements. A suivre puisque
la prochaine étape sera la rédaction de ces cahiers
de charges....
D.E.W.H.
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999