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La réserve du Frankenthal-Missheimle est située au coeur du Parc naturel des Ballons des Vosges. Fréquentée par de nombreux touristes, une attention particulière doit être portée à la préservation de ses nombreuses richesses faunistiques et surtout floristiques. Ce souçi de préservation fait cependant naître chez certains habitants une impression d'abandon très éloignée des paysages travaillés et entretenus d'antan ... |
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La jeune réserve naturelle du Frankenthal-Missheimle
a besoin d'être protégée par des patrouilles, notamment
en période d'affluence estivale. Une mission confiée
à l'ONF et au Parc naturel régional des ballons des
Vosges.
Profitant d'une demi-journée ensoleillée, les
randonneurs étaient nombreux, dimanche matin, au pied
du cirque du Frankenthal. Un lieu magique surveillé,
ce week-end, par deux amoureux de la nature : Alain
Untereiner, un agent de l'Office national des forêts,
et Yannick Despert, un technicien du Parc naturel régional
des ballons des Vosges. Au cours de la haute saison
d'été, 13 patrouilles sont organisées par l'ONF et le
parc régional pour exercer une surveillance renforcée
de la jeune réserve naturelle du Frankenthal-Missheimle. D'une
surface totale de 746 hectares, cette réserve, qui s'étend
du Hohneck au Tanet, a vu le jour en octobre 1995. « La
réserve naturelle est un outil que ce donne l'Etat pour
gérer quelques sites à haut intérêt patrimonial. Le
parc naturel des ballons des Vosges a obtenu la gestion
de la réserve. Le site est connu depuis deux siècles
comme un des monuments floristiques. Ses cirques naturels
sont riches en espèces rares, les plus riches de l'est
de la France. Nous dénombrons jusqu'à 60 espèces aux
100 m². Le massif du Hohneck est remarquable
par la présence d'espèces alpines, arctiques, reliques
de la recolonisation de la végétation après le retrait
des glaces voici 10 000 ans. De même, la faune
présente un intérêt non négligeable » explique
Alain Untereiner, un agent entré à l'Office national
des forêts voici tout juste 20 ans. Ce dimanche
matin, de trop nombreux randonneurs ont quitté les sentiers
balisés de la réserve naturelle du Frankenthal. Le plus
souvent par ignorance. Peu d'amateurs de randonnées
ont conscience des dommages qu'ils peuvent causer à
la nature en s'écartant des chemins. 300 000
personnes foulent chaque année le sommet du Hohneck.
L'affluence quotidienne peut s'élever jusqu'à 2 500
marcheurs. « Les pelouses sont fragiles, précieuses
pour la science, pour le paysage. Elles peuvent être
rapidement gagnées par l'érosion » prévient l'agent
ONF de Soultzeren. Et Yannick Despert de préciser :
« il existe deux sentiers balisés au Hohneck, mais
une multitudes de sentiers sauvages créés par les piétinements.
Certains sont aussi larges que les sentiers officiels.
Il est difficile de canaliser les promeneurs. A terme
nous espérons pouvoir réhabiliter les zones endommagées
en revégétalisant certains traces d'érosion. D'ici quelques
années, nous aurons créé de nouvelles organisations
de flux terrestres ». En attendant, les centaines
de milliers de randonneurs sont invités à respecter
la réglementation. Voici quelques mois des panneaux
d'information ont été posés à toutes les entrées de
la réserve ou dans des lieux de grande affluence. Pour
interdire mais aussi et surtout pour apprendre à regarder.
La réserve naturelle du Frankenthal-Missheimle
invite les randonneurs à découvrir des beautés florales
insoupçonnées. Comment les observer tout en les protégeant ?
« Si je les écoutais, je ferais quatre heures
de botanique » lâche Alain Untereiner en quittant
un couple de randonneurs au pied du cirque du Frankenthal.
Un peu plus loin, un père de famille, accompagné de
son épouse, de ses enfants et de quelques amis, souhaiterait
voir les plantes carnivores. « Il en existe, mais
vous avez peu de chances de les observer. Vous ne pouvez
pas quitter les chemins balisés » rappelle l'agent
de l'ONF. D'autres lieux sont spécialement aménagés
pour la découverte de ces plantes. Mais tant
d'autres fleurs offrent leur beauté dans la réserve
du Frankenthal. Certaines orchidées poussent le long
des chemins empruntés par des dizaine de milliers de
randonneurs. En compagnie de Yannick Despert du Parc naturel régional des ballons des Vosges, l'agent de
l'ONF s'étonne même de trouver des orchidées en boutons
à quelques dizaines de centimètres d'un sentier très
fréquenté. La majorité des randonneurs respectent la
nature, mais Alain Untereiner ne se fait pas trop d'illusions.
Lorsque ces orchidées auront fleuri, un promeneur sans
scrupules pourrait bien être tenté de les cueillir.
Lors de votre promenade, il vous sera plus
facile de retrouver la pulsatille alpine, l'emblème
des Vosges. Cette belle fleur blanche constelle les
pelouses des plus hauts sommets. Les amateurs de jolies
fleurs pourront également s'attarder sur l'aconit napel
de couleur bleu, sur l'aconit tuloup. Une fleur de couleur
jaune... aux racines très toxiques. « La
position du massif vosgien a toujours empêché une couverture
boisée continue » précise l'agent de l'ONF. La
végétation forme un complexe végétal avec des éléments
du glaciaire, de la chênaie, et de la hêtraie sapinière.
Les forêts d'épicéas sur tourbe sont dignes d'intérêt.
Les anciens lacs de l'époque glacière ont été progressivement
comblés par la tourbe et colonisés par la forêt qui
abrite de petites plantes d'une grande rareté. Les profondeurs
de tourbe peuvent atteindre trois à quatre mètres. « Il
faut 8 000 ans pour obtenir quatre mètres »
calcule Yannick Despert avant d'expliquer que « ces
hauteurs de tourbe permettent de faire une lecture de
notre histoire ». La réserve naturelle regorge
de merveilles insoupçonnées.
La jeune réserve naturelle du Frankenthal-Missheimle
est un site exceptionnel pour la protection de la flore,
de la faune et de la nature dans son ensemble. Elle
est en constante évolution.
Confiée par le préfet au Parc naturel régional
des ballons des Vosges, la gestion de la réserve naturelle
du Frankenthal-Missheimle doit permettre de préserver
et d'améliorer la qualité et la diversité de la réserve.
Il en est ainsi pour la protection du peuplement floral
(DNA du 30/07) et animal. Après sa disparition,
le lynx a été réintroduit au cours des années 80. Ce
félin a besoin de beaucoup d'espace. Il en est de même
pour les chamois réintroduits en 1956. Leur population
se limite à une soixantaine de têtes dans la réserve.
Les oiseaux profitent également de ce vaste domaine
de 746 hectares. « Il y a 20 ans, le faucon pèlerin
était à la limite de la disparition. Protégé durant
de longues années, il reprend actuellement de la plume
de la bête » explique Alain Untereiner de l'ONF.
Le grand corbeau récemment réapparu dans les Vosges
niche également dans les parois rocheuses. Le cirque
du Frankenthal abrite pour sa part l'accenteur alpin,
un oiseau méditerranéen et montagnard. Yannick Despert,
du parc naturel régional des ballons des Vosges tient
également à souligner la présence de la chouette de
tengmlam, « une petite chouette forestière vivant
en montagne ou en zone nordique ». Concertation La
protection de la réserve, située sur les territoires
des communes de Stosswihr, Munster, Soultzeren et Horod,
ne peut se faire qu'avec le soutien de tous. Pour ce
faire, le préfet bénéficie du concours d'un comité consultatif
regroupant les élus locaux, les usagers, les propriétaires,
les associations, des scientifiques, des administrations
spécialisés. Tout n'a pas été sans mal. Les premiers
rapports avec les quelques propriétaires privés, ils
sont une quinzaine, ont été tendus. « Nous comprenons
l'intérêt de gérer le site » explique aujourd'hui,
ce fils de propriétaire, qui dénonçait auparavant sa
mise à l'écart lors du lancement du projet. « La
concertation s'est progressivement mise en place entre
les propriétaires privés et les gestionnaires »
précise Yannick Dessert. Les règles ne sont
pas rigides. Elles sont adaptées en fonction des évolutions
des milieux naturels ou des besoins humains. Des besoins
qui peuvent représenter une menace pour le site. La
forte fréquentation des randonneurs pose un réel problème.
Mais ce problème n'est pas apparu avec la réserve naturelle.
Depuis des années déjà, les touristes sont attirés par
l'air pur de nos montagnes. La création de la réserve
va permettre de gérer ces flux. De même, plus de la
moitié des 550 hectares de forêt sont ou seront prochainement
classés réserve intégrale. La réserve naturelle du Frankenthal-Missheimle
fait peu à peu son chemin.
J.F.C.
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999
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Un lecteur de Stosswihr a lu avec attention et
intérêt les articles parus dans les DNA, en juillet
et septembre 1997, sur les opérations de débroussaillage
dans la vallée de Saint-Amarin.
Félicitant
le maire d'Oderen, Pierre Egler, et les élus agriculteurs
pour cette initiative, ce lecteur apprécie notamment
« le ménage effectué dans les paysages ébouriffés
et chevelus qui désespèrent touristes et autochtones ».
Un exemple à suivre, selon ce résident de Stosswihr,
qui souhaite un « débroussaillage » de la
réserve naturelle du Frankenthal Missheimle. « Le
seul souci de protéger quelques fleurs rares ne doit
pas donner naissance à la fermeture de nos sentiers
et de nos exploitations agricoles ». Et de déplorer
: « la désertion du marcaire du Frankenthal
au Schiessroth », le manque de WC publics, de téléphone...
Pour ce résident de Stosswihr, « le site est devenu
désert, sans vie, une situation toujours souhaitée par
Alsace Nature, une victoire verte au préjudice de l'homme
et du bétail et de l'agriculture de montagne ». Ce
lecteur soulève plusieurs questions évoquées notamment
dans notre série d'articles, en juillet et août 1997,
sur la réserve naturelle du Frankenthal. Rappelons seulement,
que cette réserve présente un grand intérêt floral.
Loin d'être un désert, ce site accueille de plus en
plus d'amoureux de la nature. Les gardes de l'ONF et
du parc naturel ont pour mission de gérer ce flux de
randonneurs et non de leur interdire la réserve. Pour
sa part, Jean-Marc Adnot président d'Alsace Nature,
souligne que depuis la création de la réserve, les plantes
rares reprennent le dessus notamment dans les couloirs
d'avalanches. Par ailleurs, Jean-Marc Adnot
rappelle que son association est favorable à une gestion
agricole de la moyenne montagne, comme cela se pratique
dans la vallée de Saint-Amarin. « Les terres agricoles
peuvent apporter un intérêt écologique sur des zones
ne présentant pas une grande diversité biologique ».
Mais le maintien d'un élevage au Frankenthal ne présente
pas d'intérêt économique, selon le représentant d'Alsace
Nature avant de préciser que « l'éleveur du marcairie
du Frankenthal a bénéficié d'aides de l'Etat pour s'installer
dans la ferme du Schiessroth ». Enfin « le
manque » de WC et de téléphone est encore plus
criant dans les Alpes. Mais jusqu'où faut-il en installer,
s'interroge Jean-Marc Adnot ?
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999
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