Rohrschollen
   

La Réserve Naturelle de l'Ile du Rohrschollen constitue un étonnant écrin de verdure au beau milieu d'une vaste zone industrielle : le port du Rhin. Cette situation particulière incite le gestionnaire, la Communauté Urbaine de Strasbourg, à des efforts de préservation d'autant plus importants. Les nuisances d'origine industrielle ne constituent cependant pas les seules menaces : les différents "utilisateurs" de la forêts, tels les pêcheurs ou les "simples" promeneurs, se doivent également, désormais, de respecter cette zone protégée.

Les archives disponibles :
- Jeudi 13 Mars 1997 : le classement (DNA),
- Vendredi 3 Juillet 1998 : la ville gèrera la réserve (DNA),
- Samedi 22 Août 1998 : réserve naturelle ou réserve d'indiens ? (DNA),
- Mardi 1er Juin 1999 : accès filtré (DNA).


  Jeudi 13 Mars 1997 Précédent | Suite  
   


 Après des années de procédure, le projet de réserve naturelle du Rohrschollen, en forêt strasbourgeoise, vient enfin d'aboutir.


 L'île du Rohrschollen, entre le vieux Rhin et les ouvrages hydroélectriques de Strasbourg, est un milieu cerné par les eaux. Donc bien délimité et facile à surveiller. Une situation qui serait idéale si la réserve n'était pas sous le vent de la cheminée de l'usine d'incinération des ordures ménagères de la CUS. Par décret du 4 mars, le ministre de l'environnement clôt enfin la saga du classement de cette réserve, pourtant presque consensuelle. En effet, cette forêt alluviale insulaire a pour propriétaire la ville de Strasbourg, à l'exception des enclaves techniques liées à la navigation et à l'électricité.

 Contrairement à toute attente, la création de cette réserve naturelle a été laborieuse. Toutefois, l'île du Rohrschollen a fait l'objet d'un projet de classement en réserve volontaire agréée. En fait, Strasbourg y a depuis longtemps délimité une zone protégée, accessible uniquement à pied ou en barque. Il a quand même fallu patienter deux ans entre l'enquête publique de janvier-février 1993 et l'avis du Conseil national de protection de la nature du 8 février 1995, puis encore deux ans jusqu'au décret de Corine Lepage. A présent, la question qui se pose est de savoir si le nouveau statut changera quelque chose à la situation actuelle. La chasse y était déjà proscrite, mais non la pêche. L'exploitation forestière y était bannie, mais rien n'interdisait aux promeneurs de cueillir le muguet ou les morilles. Rien de tout cela ne change dans la nouvelle réserve naturelle du Rohrschollen.

Les chiens interdits

 En revanche, les piétons ne pourront plus venir en compagnie de leurs chiens dans ce sanctuaire forestier remarquable où l'on peut observer 174 espèces d'oiseaux. Gageons que, malgré cette interdiction, l'île traversée par les eaux du Bauerngrundwasser restera un lieu de promenade très prisé des Strasbourgeois. La gestion de la réserve naturelle sera confiée par le préfet à un organisme, après avis du comité consultatif et de la commune de Strasbourg. Et, comme cette dernière a déjà désigné, en 1995, le Conservatoire des sites alsacien comme gestionnaire du site, le CSA a de bonnes chances d'être reconduit dans sa fonction.

 Après le Rohrschollen, les forêts strasbourgeoises du Neuhof et de la Robertsau seront aussi classées en réserve naturelle. Précèderont-elles ou suivront-elles le classement du « delta » de la Sauer, dont la procédure s'éternise ?


Michel Gissy

© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999

  Vendredi 3 Juillet 1998 Précédent | Suite  
   



 La lourde procédure de création d'une réserve naturelle, puis de nomination de son conservateur, est en passe de toucher à son terme. En effet, après la création de la réserve naturelle du Rohrschollen , par décret du 4 mars 1997, les 310 ha de cette île entre vieux Rhin et canal d'Alsace attendent encore un conservateur.

 En revanche, l'organisme gestionnaire de cette réserve naturelle ne saurait être que la Ville de Strasbourg, car elle seule a déposé un dossier de candidature. Propriétaire principale de l'île, avec les Services de la navigation et EDF, la Ville a déjà réalisé de longue date des aménagements sur ce qui était auparavant une réserve volontaire agréée.

 Hier, la Direction régionale de l'environnement-Alsace qui a piloté la procédure, a participé à une réunion du comité consultatif, à l'hôtel du préfet. A son issue, le préfet devrait en principe désigner la Ville comme gestionnaire de la réserve naturelle.

 Quant à son conservateur en titre, il sera désigné ultérieurement. L'attente du choix de l'organisme gestionnaire de la réserve naturelle de Munchhausen est, au contraire, fébrile. Car le préfet aura à opter entre le Conservatoire des sites alsaciens et d'autres candidatures.


M. G.

© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999

  Samedi 22 Août 1998 Précédent | Suite  
   


 A première vue, la légitimité du classement de la forêt du Rohrschollen en réserve naturelle est étonnante. Pourtant, si les environs sont déprimants, le coeur du massif est dépaysant.


 Ile artificielle entre le vieux Rhin et le grand canal d'Alsace, le Rohrschollen est un territoire parfaitement délimité. Rien n'est apparement plus facile que de condamner son unique accès par le barrage hydroélectrique de Strasbourg. Toutefois, malgré cet isolement propice au lent travail de la nature, rares sont les réserves naturelles aussi perméables aux pollueurs motorisés.

 Le décret du 4 mars 1997 créant la réserve naturelle du Rohrschollen est clair : « la circulation des véhicules à moteur est interdite, sauf sur les voies ouvertes à la circulation publique, où elle est réglementée par le préfet. » En fait, lors de notre récent passage sur l'île, deux voitures stationnaient au bord du fleuve. Des pêcheurs - vraisemblablement originaires d'Europe orientale - y prenaient leurs aises, le barbecue déjà fumant, malgré l'heure matinale.

 Plus loin, une autre clientèle avait pris ses quartiers d'été en-deça de la digue du canal de fuite : quelques dizaines de caravanes occupaient une aire de stationnement faisant hernie à l'intérieur de la réserve. Toute cette population gîtant sur l'île évoquait plus la réserve d'Indiens que la réserve naturelle....

 Le conservateur Frédéric Longchampt ne se hasarde pas à y donner les cavaliers de la brigade verte. Car, la nuit, on y entend des coups de feu et les panneaux se font « plomber ». Et, si les sangliers de la forêt y laissaient du poil, en vérité ce serait comme une régulation numérique des suidés, non chassés dans toute la forêt strasbourgeoise.

 Cette occupation nomade de l'île est un phénomène récent et sans doute provisoire. En revanche, cela fait un bon moment que la pénétration sauvage de la partie nord du Rohrschollen est permanente. Car aucune barrière métallique ne résiste bien longtemps à des individus décidés, à moins qu'ils ne franchissent les talus en 4X4, des traces dans la végétation en faisant foi.

16 490 bouteilles

 Un peu partout, des feux de camp ont laissé des cendres, à proximité d'écoeurants immondices. A quelques centaines de mètres de l'usine d'incinération de Strasbourg, l'île est littéralement traitée en forêt-poubelle par ses visiteurs indélicats. Aucune référence à Prévert, l'inventaire de 33 jours de nettoyage de l'île entre le 13 janvier et le 6 mars 1998 est tout, sauf poétique. Quatre personnes en moyenne ont participé à cette collecte de 592 pneus, de 16490 bouteilles, 6 batteries, 72 m3 de déchets divers et 3520 kg de ferraille...

 De toute évidence la surveillance et la répression de ces actes littéralement contre-nature devront rendre les lieux à leur véritable vocation : la protection du milieu rhénan. En vérité, cette réhabilitation des 310 ha de la réserve naturelle n'est pas tellement évidente. Car la fréquentation licite des pêcheurs rend nettement plus complexe la gestion de l'accès à l'île. Redoutant le vandalisme et le roulottage de leurs voitures, à l'extérieur de la réserve, les pêcheurs exigent en effet d'y pénétrer avec leur véhicule. Raison pour laquelle on prévoit d'installer des barrières à ouverture commandée par les véhicules autorisés. Un système sophistiqué qui risque d'être mis rapidement hors-service !

Comme un bayou de Louisiane

 Si la collectivité ne peut pas baisser les bras devant la multiplication des actes d'incivisme, c'est que le Rohrschollen en vaut, malgré tout, la peine. Certes, des pylônes et des lignes à haute-tension marquent fortement ce territoire voué à l'hydro-électricité. Et, quand le vent souffle du sud-ouest, les odeurs d'incinération ne flattent pas les narines.

 Et pourtant, les endiguements successifs ont créé des milieux intéressants, allant des pelouses sèches à la forêt inondée. Depuis la construction d'un barrage agricole, le niveau de la nappe phréatique a monté, transformant certains bas-fonds en bayous de Louisiane. Si le Bauerngrundwasser ne coule plus, des travaux de génie écologique pourraient lui redonner du courant. Enfin, la forêt qui n'est plus exploitée depuis 1976 se remodèle toute seule, au gré des chablis et de la régénération naturelle.

 Maillon de la forêt rhénane, le Rohrschollen n'a pas le rôle touristique et social des forêts de la Robertsau et du Neuhof. Plus éloignée du tissu urbain, la réserve naturelle du Rohrschollen ne doit pas être gérée avec les impératifs d'une forêt sub-urbaine.

 Le problème de sécurité sur l''île du Rohrshollen, ce n'est pas le risque de chute d'une branche morte sur un piéton. C'est la protection du milieu naturel contre les agressions de la gent humaine.


Michel Gissy

© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999

  Mardi 1 Juin 1999 Précédent  
   


 Fossés, barrière, enrochement et borne escamotable interdisent l'accès motorisé à la réserve naturelle de la forêt rhénane strasbourgeoise du Rohrschollen.


 Dans la journée, la borne est enfoncée au milieu de la chaussée. Et, comme en ville, des dérogations à la piétonnisation de la réserve naturelle du Rohrschollen ont été lâchées. Là, en forêt du Rhin, ce sont les pêcheurs qui ont obtenu d'accéder à leurs lieux favoris sur quatre roues.

Passée la borne, la dissuasion

 En contrepartie, la fédération bas-rhinoise des associations de pêcheurs a formé cinq gardes pour surveiller cette réserve et le plan d'eau de Krafft-Plobsheim, situé juste en amont. En été, les pêcheurs pourront s'adonner à leur activité de 5 h à 19 h et en hiver de 7h à 17h. Comme la pêche à l'anguille est interdite de nuit, cette fermeture nocturne ne devrait gêner personne... à part les braconniers.

 En fait, la remontée nocturne de la borne ne devrait pas piéger des automobilistes attardés, car son ouverture par induction est prévue, de l'intérieur de la réserve. L'inaccessibilité des lieux est ainsi loin d'être prévue, bien au contraire, pour ce massif forestier situé à 12 km à vol d'oiseau de la cathédrale de Strasbourg.

 Toutefois, les patrouilles régulières des gardes-pêche et du garde-réserve (à embaucher) viseront à décourager les contrevenants. On ne devrait donc plus avoir à faire la collecte des vieux pneus, bouteilles vides et autres déchets sciemment déversés en forêt.

 Comme une piste cyclable franco-allemande traverse le barrage de Strasbourg et longe une digue, les deux-roues ne sont pas exclus de la presqu'île du Rohrschollen. En revanche, le camp sauvage de nomades, à l'entrée de la réserve naturelle ne devrait plus pouvoir s'installer. Car de gros blocs de béton verrouillent le terre-plein, par ailleurs dangereux, car inondable.

 Malgré la pénétration motorisée et autorisée de certains usagers de la presqu'île, la réserve naturelle n'est pas pour autant une passoire. La forêt rhénane se défend en effet toute seule, par son «bayou» marécageux et par ses draperies de lianes de clématites.

EDF partenaire

 Pas vraiment impénétrable, le Rohrschollen reste un lieu de promenade, ainsi qu'un site de découverte naturaliste. Hier matin, l'adjoint au maire Claude Lienhard et le conservateur Frédéric Lonchampt ont fait valoir la convergence des intérêts écologiques et sociaux de la réserve naturelle.

 Nommée gestionnaire en juillet 1998 de la réserve naturelle classée en 1997, la ville de Strasbourg a renoncé à certaines prérogatives. C'est ainsi qu'elle a institué un comité scientifique de 17 membres, présidé par le Pr Roland Carbiener, pour préparer un plan de gestion. Les inconciliables que sont le Conservatoire des sites alsaciens, ainsi que l'Office national des forêts devront y accorder leurs violons, non seulement pour l'île du Rohrschollen, mais aussi pour l'ensemble des 1470 ha de forêt rhénane strasbourgeoise.

 Ce partenariat inclut nécessairement EDF, propriétaire d'une partie de l'île. L'électricien a d'ailleurs financé aux deux tiers le dispositif de filtrage des automobiles, dont le coût total avoisine les 300.000 F. La sophistication du dispositif est-elle un garant d'efficacité ? Des sceptiques rapportent en effet que des blocs de pierre de 600 kg ont été déplacés par des 4x4, à Gerstheim...


Michel Gissy

© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999


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