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La Réserve Naturelle de l'Ile du Rohrschollen constitue un étonnant écrin de verdure au beau milieu d'une vaste zone industrielle : le port du Rhin. Cette situation particulière incite le gestionnaire, la Communauté Urbaine de Strasbourg, à des efforts de préservation d'autant plus importants. Les nuisances d'origine industrielle ne constituent cependant pas les seules menaces : les différents "utilisateurs" de la forêts, tels les pêcheurs ou les "simples" promeneurs, se doivent également, désormais, de respecter cette zone protégée. |
Les archives disponibles : |
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Après des années de procédure, le projet de réserve
naturelle du Rohrschollen, en forêt strasbourgeoise,
vient enfin d'aboutir.
L'île du Rohrschollen, entre le vieux Rhin et
les ouvrages hydroélectriques de Strasbourg, est un
milieu cerné par les eaux. Donc bien délimité et facile
à surveiller. Une situation qui serait idéale si la
réserve n'était pas sous le vent de la cheminée de l'usine
d'incinération des ordures ménagères de la CUS. Par
décret du 4 mars, le ministre de l'environnement clôt
enfin la saga du classement de cette réserve, pourtant
presque consensuelle. En effet, cette forêt alluviale
insulaire a pour propriétaire la ville de Strasbourg,
à l'exception des enclaves techniques liées à la navigation
et à l'électricité. Contrairement à toute attente,
la création de cette réserve naturelle a été laborieuse.
Toutefois, l'île du Rohrschollen a fait l'objet d'un
projet de classement en réserve volontaire agréée. En
fait, Strasbourg y a depuis longtemps délimité une zone
protégée, accessible uniquement à pied ou en barque.
Il a quand même fallu patienter deux ans entre l'enquête
publique de janvier-février 1993 et l'avis du Conseil
national de protection de la nature du 8 février 1995,
puis encore deux ans jusqu'au décret de Corine Lepage.
A présent, la question qui se pose est de savoir si
le nouveau statut changera quelque chose à la situation
actuelle. La chasse y était déjà proscrite, mais non
la pêche. L'exploitation forestière y était bannie,
mais rien n'interdisait aux promeneurs de cueillir le
muguet ou les morilles. Rien de tout cela ne change
dans la nouvelle réserve naturelle du Rohrschollen. Les
chiens interdits En revanche, les piétons
ne pourront plus venir en compagnie de leurs chiens
dans ce sanctuaire forestier remarquable où l'on peut
observer 174 espèces d'oiseaux. Gageons que, malgré
cette interdiction, l'île traversée par les eaux du
Bauerngrundwasser restera un lieu de promenade très
prisé des Strasbourgeois. La gestion de la réserve naturelle
sera confiée par le préfet à un organisme, après avis
du comité consultatif et de la commune de Strasbourg.
Et, comme cette dernière a déjà désigné, en 1995, le
Conservatoire des sites alsacien comme gestionnaire
du site, le CSA a de bonnes chances d'être reconduit
dans sa fonction. Après le Rohrschollen, les
forêts strasbourgeoises du Neuhof et de la Robertsau
seront aussi classées en réserve naturelle. Précèderont-elles
ou suivront-elles le classement du « delta »
de la Sauer, dont la procédure s'éternise ?
Michel Gissy
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999
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La lourde procédure de création d'une réserve
naturelle, puis de nomination de son conservateur, est
en passe de toucher à son terme. En effet, après la
création de la réserve naturelle du Rohrschollen , par
décret du 4 mars 1997, les 310 ha de cette île
entre vieux Rhin et canal d'Alsace attendent encore
un conservateur. En revanche, l'organisme gestionnaire
de cette réserve naturelle ne saurait être que la Ville
de Strasbourg, car elle seule a déposé un dossier de
candidature. Propriétaire principale de l'île, avec
les Services de la navigation et EDF, la Ville a déjà
réalisé de longue date des aménagements sur ce qui était
auparavant une réserve volontaire agréée. Hier,
la Direction régionale de l'environnement-Alsace qui
a piloté la procédure, a participé à une réunion du
comité consultatif, à l'hôtel du préfet. A son issue,
le préfet devrait en principe désigner la Ville comme
gestionnaire de la réserve naturelle. Quant
à son conservateur en titre, il sera désigné ultérieurement.
L'attente du choix de l'organisme gestionnaire de la
réserve naturelle de Munchhausen est, au contraire,
fébrile. Car le préfet aura à opter entre le Conservatoire
des sites alsaciens et d'autres candidatures.
M. G.
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999
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A première vue, la légitimité du classement de
la forêt du Rohrschollen en réserve naturelle est étonnante.
Pourtant, si les environs sont déprimants, le coeur
du massif est dépaysant.
Ile artificielle entre le vieux Rhin et le grand
canal d'Alsace, le Rohrschollen est un territoire parfaitement
délimité. Rien n'est apparement plus facile que de condamner
son unique accès par le barrage hydroélectrique de Strasbourg.
Toutefois, malgré cet isolement propice au lent travail
de la nature, rares sont les réserves naturelles aussi
perméables aux pollueurs motorisés. Le décret
du 4 mars 1997 créant la réserve naturelle du Rohrschollen
est clair : « la circulation des véhicules
à moteur est interdite, sauf sur les voies ouvertes
à la circulation publique, où elle est réglementée par
le préfet. » En fait, lors de notre récent passage
sur l'île, deux voitures stationnaient au bord du fleuve.
Des pêcheurs - vraisemblablement originaires d'Europe
orientale - y prenaient leurs aises, le barbecue déjà
fumant, malgré l'heure matinale. Plus loin,
une autre clientèle avait pris ses quartiers d'été en-deça
de la digue du canal de fuite : quelques dizaines
de caravanes occupaient une aire de stationnement faisant
hernie à l'intérieur de la réserve. Toute cette population
gîtant sur l'île évoquait plus la réserve d'Indiens
que la réserve naturelle.... Le conservateur
Frédéric Longchampt ne se hasarde pas à y donner les
cavaliers de la brigade verte. Car, la nuit, on y entend
des coups de feu et les panneaux se font « plomber ».
Et, si les sangliers de la forêt y laissaient du poil,
en vérité ce serait comme une régulation numérique des
suidés, non chassés dans toute la forêt strasbourgeoise. Cette
occupation nomade de l'île est un phénomène récent et
sans doute provisoire. En revanche, cela fait un bon
moment que la pénétration sauvage de la partie nord
du Rohrschollen est permanente. Car aucune barrière
métallique ne résiste bien longtemps à des individus
décidés, à moins qu'ils ne franchissent les talus en
4X4, des traces dans la végétation en faisant foi. 16 490
bouteilles Un peu partout, des feux de camp
ont laissé des cendres, à proximité d'écoeurants immondices.
A quelques centaines de mètres de l'usine d'incinération
de Strasbourg, l'île est littéralement traitée en forêt-poubelle
par ses visiteurs indélicats. Aucune référence à Prévert,
l'inventaire de 33 jours de nettoyage de l'île entre
le 13 janvier et le 6 mars 1998 est tout, sauf poétique.
Quatre personnes en moyenne ont participé à cette collecte
de 592 pneus, de 16490 bouteilles, 6 batteries, 72 m3
de déchets divers et 3520 kg de ferraille... De
toute évidence la surveillance et la répression de ces
actes littéralement contre-nature devront rendre les
lieux à leur véritable vocation : la protection
du milieu rhénan. En vérité, cette réhabilitation des
310 ha de la réserve naturelle n'est pas tellement évidente.
Car la fréquentation licite des pêcheurs rend nettement
plus complexe la gestion de l'accès à l'île. Redoutant
le vandalisme et le roulottage de leurs voitures, à
l'extérieur de la réserve, les pêcheurs exigent en effet
d'y pénétrer avec leur véhicule. Raison pour laquelle
on prévoit d'installer des barrières à ouverture commandée
par les véhicules autorisés. Un système sophistiqué
qui risque d'être mis rapidement hors-service ! Comme
un bayou de Louisiane Si la collectivité
ne peut pas baisser les bras devant la multiplication
des actes d'incivisme, c'est que le Rohrschollen en
vaut, malgré tout, la peine. Certes, des pylônes et
des lignes à haute-tension marquent fortement ce territoire
voué à l'hydro-électricité. Et, quand le vent souffle
du sud-ouest, les odeurs d'incinération ne flattent
pas les narines. Et pourtant, les endiguements
successifs ont créé des milieux intéressants, allant
des pelouses sèches à la forêt inondée. Depuis la construction
d'un barrage agricole, le niveau de la nappe phréatique
a monté, transformant certains bas-fonds en bayous de
Louisiane. Si le Bauerngrundwasser ne coule plus, des
travaux de génie écologique pourraient lui redonner
du courant. Enfin, la forêt qui n'est plus exploitée
depuis 1976 se remodèle toute seule, au gré des chablis
et de la régénération naturelle. Maillon de
la forêt rhénane, le Rohrschollen n'a pas le rôle touristique
et social des forêts de la Robertsau et du Neuhof. Plus
éloignée du tissu urbain, la réserve naturelle du Rohrschollen
ne doit pas être gérée avec les impératifs d'une forêt
sub-urbaine. Le problème de sécurité sur l''île
du Rohrshollen, ce n'est pas le risque de chute d'une
branche morte sur un piéton. C'est la protection du
milieu naturel contre les agressions de la gent humaine.
Michel Gissy
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999
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Fossés, barrière, enrochement et borne escamotable interdisent
l'accès motorisé à la réserve naturelle de la forêt
rhénane strasbourgeoise du Rohrschollen.
Dans la journée, la borne est enfoncée au milieu de
la chaussée. Et, comme en ville, des dérogations à la
piétonnisation de la réserve naturelle du Rohrschollen
ont été lâchées. Là, en forêt du Rhin, ce sont les pêcheurs
qui ont obtenu d'accéder à leurs lieux favoris sur quatre
roues. Passée la borne, la dissuasion En
contrepartie, la fédération bas-rhinoise des associations
de pêcheurs a formé cinq gardes pour surveiller cette
réserve et le plan d'eau de Krafft-Plobsheim, situé
juste en amont. En été, les pêcheurs pourront s'adonner
à leur activité de 5 h à 19 h et en hiver de 7h
à 17h. Comme la pêche à l'anguille est interdite de
nuit, cette fermeture nocturne ne devrait gêner personne...
à part les braconniers. En fait, la remontée
nocturne de la borne ne devrait pas piéger des automobilistes
attardés, car son ouverture par induction est prévue,
de l'intérieur de la réserve. L'inaccessibilité des
lieux est ainsi loin d'être prévue, bien au contraire,
pour ce massif forestier situé à 12 km à vol d'oiseau
de la cathédrale de Strasbourg. Toutefois, les
patrouilles régulières des gardes-pêche et du garde-réserve
(à embaucher) viseront à décourager les contrevenants.
On ne devrait donc plus avoir à faire la collecte des
vieux pneus, bouteilles vides et autres déchets sciemment
déversés en forêt. Comme une piste cyclable
franco-allemande traverse le barrage de Strasbourg et
longe une digue, les deux-roues ne sont pas exclus de
la presqu'île du Rohrschollen. En revanche, le camp
sauvage de nomades, à l'entrée de la réserve naturelle
ne devrait plus pouvoir s'installer. Car de gros blocs
de béton verrouillent le terre-plein, par ailleurs dangereux,
car inondable. Malgré la pénétration motorisée
et autorisée de certains usagers de la presqu'île, la
réserve naturelle n'est pas pour autant une passoire.
La forêt rhénane se défend en effet toute seule, par
son «bayou» marécageux et par ses draperies de lianes
de clématites. EDF partenaire Pas vraiment
impénétrable, le Rohrschollen reste un lieu de promenade,
ainsi qu'un site de découverte naturaliste. Hier matin,
l'adjoint au maire Claude Lienhard et le conservateur
Frédéric Lonchampt ont fait valoir la convergence des
intérêts écologiques et sociaux de la réserve naturelle. Nommée
gestionnaire en juillet 1998 de la réserve naturelle
classée en 1997, la ville de Strasbourg a renoncé à
certaines prérogatives. C'est ainsi qu'elle a institué
un comité scientifique de 17 membres, présidé par le
Pr Roland Carbiener, pour préparer un plan de gestion.
Les inconciliables que sont le Conservatoire des sites
alsaciens, ainsi que l'Office national des forêts devront
y accorder leurs violons, non seulement pour l'île du
Rohrschollen, mais aussi pour l'ensemble des 1470 ha
de forêt rhénane strasbourgeoise. Ce partenariat
inclut nécessairement EDF, propriétaire d'une partie
de l'île. L'électricien a d'ailleurs financé aux deux
tiers le dispositif de filtrage des automobiles, dont
le coût total avoisine les 300.000 F. La sophistication
du dispositif est-elle un garant d'efficacité ?
Des sceptiques rapportent en effet que des blocs de
pierre de 600 kg ont été déplacés par des 4x4, à Gerstheim...
Michel Gissy
© Archives des Dernières Nouvelles D'Alsace, 1999
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